David Le Breton
Certains lieux, voués à la célébration religieuse ou à la méditation, sont peuplés de silence et rendent impensable l’effraction d’un son ou d’une parole, on y marche dans la crainte de rompre un équilibre fragile qui ne se prête pas à l’intervention sensible de l’homme, sinon à la contemplation. Dans la forêt, le désert, la montagne ou la mer, le silence pénètre parfois si parfaitement le monde, que les autres sens paraissent en comparaison désuets ou inutiles. La parole reste suffoquée, impuissante à dire la puissance de l’instant ou la solennité des lieux.
David Le Breton, dans: Marie-Thérèse Nadeau, Silence – La plus belle des paroles (Médiaspaul, 2017)
image: Dominicaines d’Estavayer-le-Lac, Suisse (moniales-op.ch)