Chemins de traverse – 716 / Armand Robin

Armand Robin

Quand j’aurai rendu visite aux hommes
du monde entier,
quand à travers leurs mots, leurs chants,
leurs plaintes
j’aurai partout passé,
ayant comme laissez-passer
auprès d’eux tous ma fatigue et mon effort
de nuit et de jour,
quand, pour comprendre un mot de plus
d’un frère éloigné,
j’aurai donné mes aurores, mon sommeil,
mes songes pendant dix années …

Lorsque j’aurai vécu sans sommeil, sans lit,
je déboucherai sur un grand désert,
sans personne,
n’ayant plus que moi-même;
je devrai m’expliquer avec les étoiles,
m’en aller tout petit
sous la grande clarté de la nuit,
très âgé,
comme un qui a traversé les pays et les âges,
mais je me sentirai jeune
de toute la terre traversée, aimée,
j’aurai pour m’apaiser toute la terre consolée.

Armand Robin, Le cycle du pays natal / extraits (La Part Commune, 2000)

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