Pape François
Seigneur, apprends-nous à prier – LIV
Dans l’histoire de l’Eglise, on a plusieurs fois enregistré la tentation de pratiquer un christianisme intimiste, qui ne reconnaît pas aux rites liturgiques publics leur importance spirituelle. Cette tendance revendiquait souvent la plus grande pureté présumée d’une religiosité qui ne dépendait pas des cérémonies extérieures, considérées comme un poids inutile ou nuisible. Au centre des critiques ne finissait pas une forme rituelle particulière, ou une manière de célébrer déterminée, mais la liturgie elle-même, la forme liturgique de prier. En effet, on peut trouver dans l’Eglise certaines formes de spiritualité qui n’ont pas su intégrer comme il se doit le moment liturgique. De nombreux fidèles, bien que participant assidument aux rites, en particulier à la Messe dominicale, ont plutôt puisé à d’autres sources, de type dévotionnel, la nourriture pour leur foi et leur vie spirituelle.
Or la liturgie, en elle-même, n’est pas seulement une prière spontanée, mais quelque chose de plus et de plus originel: elle est l’acte qui fonde l’expérience chrétienne tout entière et, donc, également la prière. Elle est un événement, elle est un fait, elle est une présence, elle est une rencontre. Elle est une rencontre avec le Christ. Le Christ est présent dans l’Esprit Saint à travers les signes sacramentels: c’est de là que dérive pour nous, les chrétiens, la nécessité de participer aux mystères divins. J’oserais dire qu’un christianisme sans liturgie est peut-être un christianisme sans Christ. Sans le Christ total. Même dans le rite le plus sobre, comme celui que certains chrétiens ont célébré et célèbrent dans les lieux de détentions, ou dans le secret d’une maison en temps de persécution, le Christ est réellement présent et se donne à ses fidèles.
La prière du chrétien fait sienne la présence sacramentelle de Jésus. Ce qui nous est extérieur devient une partie de nous: la liturgie l’exprime même à travers le geste naturel de manger. La Messe ne peut pas seulement être écoutée: c’est même une expression erronée. La Messe ne peut pas être seulement écoutée, comme si nous n’étions que les spectateurs de quelque chose qui glisse sur nous, sans nous faire participer. La Messe est toujours célébrée, et pas seulement par le prêtre qui la préside, mais par tous les chrétiens qui la vivent. Et le centre est le Christ! Nous tous, dans la diversité des dons et des ministères, nous nous unissons tous à Son action, car c’est Lui, le Christ, le protagoniste de la liturgie.
La vie est appelée à devenir un culte à Dieu, mais cela ne peut pas se produire sans la prière, en particulier la prière liturgique. Que cette pensée nous aide tous quand nous allons à la Messe: je vais prier en communauté, je vais prier avec le Christ qui est présent. Quand nous allons à la célébration d’un baptême, par exemple, c’est le Christ, présent là, qui baptise. Le Christ est présent et dans la liturgie, tu pries avec le Christ qui est à tes côtés. Demandons la grâce de faire une rencontre personnelle et authentique avec le Christ vivant dans la célébration liturgique, afin que nos vies deviennent un sacrifice spirituel offert à Dieu.
Pape François, Catéchèse: Prier dans la liturgie / extraits (w2.vatican.va)
image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)