Jésus-Christ ou rien – 13

Jésus-Christ ou rien – XIII

Bernard Bro

Lorsque nous aborderons sur les rives de la terre promise et qu’il nous faudra accomplir notre passage à Dieu, lorsque nous découvrirons dans toute sa vérité et dans toute sa nudité notre condition de créature et de pécheur, lorsque nous comprendrons que la béatitude divine fait éclater les limites de notre coeur et de notre pauvre façon d’être heureux et de concevoir le bonheur et même le Ciel, comment ferons-nous pour ne pas reculer? pour ne pas refuser?

Dieu seul peut alors nous faire goûter ce feu consumant qu’il fait passer en nous et qui est Sa tendresse même, tendresse maternelle, paix au-delà de tout sentiment, douceur si intense et si profonde qu’elle dépasse toute violence, non point par une autre violence, mais par sa douceur même.

Lui seul peut nous prendre, si nous voulons être assez démunis, assez petits, par ce que nous avons de plus fragile, de plus faible et de plus désemparé, par le besoin d’avoir quelqu’un qui sache tout, qui comprenne tout, qui pardonne tout, qui répare tout, quelqu’un qui se serve de notre peur elle-même pour nous apprendre où est la victoire et qu’en dépit de tout, au-delà de tout, au-delà de la Croix, l’amour reste l’amour, le bonheur reste le bonheur, et Dieu reste un père de miséricorde, terrible aux puissants, mais infiniment doux aux petits et aux humbles, c’est-à-dire à ceux qui ne s’appuient pas sur eux-mêmes et qui espèrent jusqu’au bout de la confiance.

Bernard Bro, Contre toute espérance / extraits (Cerf, 1975)

image: Pericle Fazzini, La Résurrection – Salle d’audience Paul VI, Vatican (bestglitz.com)

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