Morceaux choisis – 1014 / Augustin d’Hippone

Augustin d’Hippone

Le genre humain est aujourd’hui malade, non de corps, mais de l’âme. Je vois ce grand malade gisant dans tout l’univers, de l’Orient à l’Occident, et pour te guérir, un médecin tout-puissant est descendu du ciel. Pour approcher en quelque sorte du lit du malade, Il s’est baissé jusqu’à prendre une chair mortelle. Il donne des avis salutaires: les uns Le méprisent et ceux qui L’écoutent sont guéris. Ceux qui le méprisent sont ces amis puissants qui répètent: Il ne sait rien. Ah! s’Il ne savait rien, Il ne remplirait pas le monde de Sa puissance. Ah! s’Il ne savait rien, Il n’existerait pas avant de s’être montré parmi nous. Ah! s’il ne savait rien, il n’aurait pas envoyé devant Lui les Prophètes.

Et ne voyons-nous pas aujourd’hui l’accomplissement de ce qu’ils ont prédit? Ce médecin, en accomplissant leurs promesses, ne témoigne-t-il pas de la puissance de Son art? N’est-il pas vrai que dans tout l’univers succombent de funestes erreurs et que les châtiments qui pèsent sur le monde en abattent les passions? Que nul ne dise: Le monde autrefois était meilleur qu’aujourd’hui. Et depuis que ce médecin commenceà y exercer, nous y voyons une multitude de choses affreuses. Ne t’en  étonne pas. Si, près du médecin, le sang ne paraissait pas, c’est qu’Il n’avait pas entrepris encore la guérison du malade. A ce spectacle donc, renonce aux vaines délices et cours au médecin; voici le temps de se guérir et non de s’abandonner à la volupté.

Soignons-nous donc, mes frères. Si nous ne connaissons pas encore le mérite du médecin, ne nous emportons pas contre Lui comme des furieux, et comme des léthargiques ne nous en éloignons pas. Beaucoup en effet se sont perdus en s’emportant contre Lui, et beaucoup en s’endormant. Appelons furieux ceux qui ne s’emportent pas mais s’emportent, et léthargiques ceux qui se laissent accabler sous un sommeil de plomb. Combien d’hommes sont ainsi malades! Ils voudraient frapper sur ce médecin, et comme Il est au ciel sur Son trône, ils persécutent sur la terre Ses membres ou les fidèles. Il sait guérir cette espèce de malades: beaucoup d’entre eux se sont convertis, et d’ennemis, ils sont devenus Ses amis; de persécuteurs, les prédicateurs de Son nom. 

Saint Augustin, Sermon LXXXVII – Les ouvriers de la vigne, dans: Sermons sur l’Ecriture (coll. Bouquins/Laffont, 2014)

image: Jésus – Guérison de la femme courbée (croire.la-croix.com)

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