Regards ignatiens – XXXVI
Jean Mambrino
Le visage, puis tout le corps, baigne dans la brise fraîche de l’aurore, au fond des plis de la rose du monde. La rougeur gagne les veines, s’insinue dans les alvéoles, vole à travers les crevasses des nuages, sur les plages de l’horizon. Un parfum brûle dans les poumons tous les souffles du passé, et la flamme odorante qui sort des yeux communie à la montagne, embrasée par le même incendie de douceur et de perfection. Cette floraison du feu de l’origine transmet un secret que la chair reconnaît jusqu’au fond de ses cellules, à l’instant où la rose universelle recule, se défait, et peu à peu s’éteint, ne faisant plus qu’un avec son souvenir – qui projette cette aurore vers sa fin.
Jean Mambrino, N’être pour naître (Corti, 1996)
image: Juan Martínez Montañés et Francisco Pacheco, San Ignacio de Loyola (catholicsun.org)