Charles Delhez
Ce Dieu inutile – VIII
Parfois on est déçu par la prière. L’épiderme n’a pas vibré… Il n’y a pas eu de pensées nouvelles ou de belles formules. C’est vrai, la prière a souvent quelque chose de décevant. Heureusement, on pourrait confondre Dieu avec ce qu’Il n’est pas. Mais peut-être avez-vous fait l’expérience de ne pouvoir lâcher la prière malgré tout. Alors vous avez commencé à entrevoir ce qu’aimer Dieu veut dire. Il est Celui dont la présence souvent prend la forme de l’absence. Il est toujours le trop lointain parce que nous Le voulons tout proche. Il est Absence parce que telle est la forme suprême de la Présence. Seuls les êtres que nous aimons sont absence qui creuse le désir: il reste un intervalle entre eux et nous, distance du respect et de la non-possession, espace de pudeur et de désir. Mais l’absence des mal-aimés passe inaperçue.
Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)
image: Charles Delhez (cathobel.be)