Seigneur, apprends-nous à prier – 122

Pape Léon XIV

Seigneur, apprends-nous à prier – CXXII

Aujourd’hui, je voudrais vous parler d’une personne expérimentée, savante, docteur de la Loi, qui a cependant besoin de changer de perspective, parce qu’elle est centrée sur elle-même et ne perçoit pas les autres (cf. Lc 10, 25-37). En effet, il interroge Jésus sur la manière dont on hérite de la vie éternelle, en utilisant une expression qui la comprend comme un droit sans équivoque. Mais derrière cette question se cache peut-être précisément un besoin d’attention: le seul mot sur lequel il interroge Jésus est le terme prochain, qui signifie littéralement celui qui est proche.

La parabole du samaritain que Jésus raconte a en effet pour cadre une route, et c’est une route difficile et malaisée, comme la vie. C’est une image qui préfigure déjà ce qui pourrait arriver: il arrive en effet que cet homme soit attaqué, battu, volé et laissé à moitié mort. C’est l’expérience qui se produit lorsque les situations, les personnes, parfois même celles en qui nous avions confiance, nous prennent tout et nous laissent au plein milieu de la route.

Mais la vie est faite de rencontres, et dans ces rencontres, nous nous révélons tels que nous sommes. Nous nous trouvons face à l’autre, face à sa fragilité et à sa faiblesse, et nous pouvons décider de ce que nous allons faire: nous occuper de lui ou faire comme si de rien n’était. Un prêtre et un lévite suivent le même chemin. Ce sont des personnes qui servent dans le Temple de Jérusalem, qui habitent dans l’espace sacré. Pourtant, la pratique du culte ne conduit pas automatiquement à la compassion. En effet, avant d’être une question religieuse, la compassion est une question d’humanité! Avant d’être croyants, nous sommes appelés à être humains.

La compassion s’exprime par des gestes concrets. L’évangéliste Luc s’attarde sur les actions du Samaritain, que nous appelons bon, mais qui, dans le texte, est simplement une personne: le Samaritain se fait proche, parce que si l’on veut aider quelqu’un, on ne peut pas penser à se tenir à distance, il faut s’impliquer, se salir, peut-être se contaminer; il panse ses blessures après les avoir nettoyées avec de l’huile et du vin; il le charge sur sa monture, c’est-à-dire qu’il le prend en charge, parce qu’on aide vraiment si l’on est prêt à sentir le poids de la douleur de l’autre; il l’emmène à l’hôtel où il dépense de l’argent, deux deniers, plus ou moins deux jours de travail; et il s’engage à revenir et éventuellement à payer à nouveau, parce que l’autre n’est pas un colis à livrer, mais quelqu’un dont il faut prendre soin.

Quand serons-nous capables, nous aussi, d’interrompre notre voyage et d’avoir de la compassion? Quand nous comprendrons que cet homme blessé sur la route représente chacun d’entre nous. Et alors, le souvenir de toutes les fois où Jésus s’est arrêté pour prendre soin de nous nous rendra d’autant plus capables de compassion.

Pape François, Catéchèse Jubilé 2025 – Jésus-Christ notre espérance / extraits (vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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