Nikolaas Sintobin
Apprendre à discerner – XLV
La surestimation de la richesse peut également conduire à une dynamique inverse, celle de la sous-estimation systématique. Cela semble très différent. Néanmoins elle conduit à un résultat similaire à la dynamique de la surestimation de soi: détruire la relation avec son prochain. On constate qu’il y a beaucoup de choses qu’on n’a pas. Ce qu’n peut ou qu’on possède, semble-t-il, ne l’emporte pas sur ce qu’on ne peut ou n’a pas. Un mot d’encouragement d’un ami ou d’un collègue ne peut être inspiré que par la pitié.
C’est clair maintenant: on est une créature inférieure. On est enfermé dans le donjon de ses limites et on est son propre geôlier. Cette attitude est particulièrement fréquente chez les jeunes. Mais même les adultes peuvent se retrouver enfermés dans cette logique.
La pensée du suicide – ou du moins du retrait des relations avec les autres – semble une conclusion logique. D’autres formes de comportements destructeurs ou autodestructeurs s’inscrivent également dans cette dynamique: manger ou boire trop ou trop peu; se comporter violemment ou, à l’inverse, se réfugier dans la passivité. Une fois de plus, le mal se dissimule sous l’apparence du bien.
Contrairement à la première variante, il y a ici un ressenti négatif du début à la fin. Cela n’empêche pas cette dynamique d’exercer une réelle force d’attraction.
Nikolaas Sintobin, Apprendre à discerner / extraits (Fidélité, 2020)