Morceaux choisis – 1206 / Clément Barré

Clément Barré

Il est normal que nous soyons tenté de tourner notre regard vers saint Thomas: nous lui ressemblons tellement. Qui d’entre nous ne voudrait pas enfin voir, avoir enfin des confirmations tangibles, des certitudes claires et être délivré du vertige étourdissant du croire en lui substituant une douce et confortable certitude? D’ailleurs combien de fois avons-nous entendu, ou même dit, comme un proverbe: Moi je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois? Oubliant un peu vite que ce qui est vu n’a plus besoin d’être cru. Les faiblesses des apôtres nous rassurent tellement, elles nous aident à supporter les nôtres.

En même temps, cet Evangile (cf. Jn 20, 19-31) nous rassure, parce qu’il nous donne le beau rôle, celui que loue Jésus. Le rôle de ceux qui, ne pouvant plus voir, sont bien obligés de croire. Et voilà que c’est de nous dont Jésus parle; nous sommes ces bienheureux dont Il fait les louanges. L’Evangile est tellement plus doux quand il nous flatte…

Mais tout cela est un peu réducteur, car on ne peut faire de l’apôtre Thomas un empiriste obtus qu’en oubliant que sa rencontre avec Jésus débouche sur le plus beau et le plus audacieux des actes de foi. Un acte de foi qu’aucun autre disciple ne parvient à faire: Mon Seigneur et mon Dieu! (Jn 20, 28). En effet, la démarche de Thomas ne s’arrête pas à la simple observation: oui c’est bien Jésus, Son corps est vrai, Ses blessures sont bien là. Il va au-delà, au-delà de ce que voient ses yeux, au-delà de ce qu’entendent ses oreilles, au-delà de ce que sentent ses mains. Ces lèvres confessent ce que ses yeux ne peuvent percevoir: Jésus ressuscité est mon Seigneur et mon Dieu! Et saint Jean nous l’affirme solennellement: c’est pour que nous puissions, nous aussi, faire cet acte de foi que tout Son Evangile a été écrit.

Comment expliquer alors que Thomas parvient en premier à cette réalisation? Eh bien, il faut en revenir à la miséricorde divine, car c’est l’expérience de la miséricorde qui permet l’acte de foi de Thomas. Il voit l’homme ressuscité mais il reconnaît le Dieu d’amour, vainqueur du mal et il l’adore: Mon Seigneur et mon Dieu!

Seigneur Jésus, c’est par Tes blessures que nous sommes guéris. Fait que nous ne manquions jamais de puiser à la source de Ta miséricorde pour recevoir les fruits de Ta Résurrection. Augmente en nous la foi; qu’en contemplant Tes blessures glorifiées nous puissions toujours T’adorer comme notre Seigneur et notre Dieu!

Clément Barré, Homélie sur saint Thomas, Dimanche de la Miséricorde – 6 avril 2024 / extrait (fr.aleteia.org)

image: Caravaggio, Incredulità di San Tommaso (en.wikipedia.org)

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