Giovanni Battista Re
Lorsque le Cardinal Bergoglio a été élu le 13 mars 2013 par le Conclave pour succéder au pape Benoît XVI, il avait derrière lui des années de vie religieuse dans la Compagnie de Jésus et surtout il était enrichi par l’expérience de 21 ans de ministère pastoral dans l’archidiocèse de Buenos Aires, d’abord comme auxiliaire, puis comme coadjuteur et enfin, surtout, comme archevêque. La décision de prendre le nom de François est immédiatement apparue comme le choix d’un programme et d’un style sur lesquels il souhaitait fonder son pontificat, en cherchant à s’inspirer de l’esprit de saint François d’Assise.
Il a conservé son tempérament et sa manière de guider son troupeau, et a immédiatement imprimé sa forte personnalité dans la gouvernance de l’Eglise, en établissant un contact direct avec les individus et les populations: désireux d’être proche de tous, avec une attention particulière pour les personnes en difficulté; se dépensant sans compter, en particulier pour les plus démunis, les exclus. Il a été un pape parmi les gens, avec un cœur ouvert à tous. Il a également été un pape attentif à ce qui émergeait de nouveau dans la société et a ce que l’Esprit Saint suscitait dans l’Eglise. Avec son vocabulaire caractéristique et son langage riche en images et en métaphores, il a toujours cherché à éclairer les problèmes de notre temps par la sagesse de l’Evangile, en offrant une réponse à la lumière de la foi et en encourageant à vivre en chrétiens les défis et les contradictions de ces années de changements, qu’il aimait qualifier de changement d’époque.
Il avait une grande spontanéité et une manière informelle de s’adresser a chacun, même aux personnes éloignées de l’Eglise. Riche de chaleur humaine et profondément sensible aux drames actuels, le pape François a véritablement partagé les angoisses, les souffrances et les espoirs de notre époque de mondialisation, et s’est dépensé pour réconforter et encourager chacun par un message capable de toucher le cœur des gens de manière directe et immédiate. Son charisme de l’accueil et de l’écoute, unis a une manière d’être en phase avec la sensibilité d’aujourd’hui, a touché les cœurs, cherchant à réveiller les énergies morales et spirituelles. Le primat de l’évangélisation a été le guide de son pontificat, diffusant, avec une empreinte missionnaire évidente, La joie de l’Evangile, qui a été le titre de sa première exhortation apostolique: ne joie qui remplit de confiance et d’espérance le cœur de tous ceux qui se confient à Dieu.
Le fil conducteur de sa mission a également été la conviction que l’Eglise est une maison pour tous, une maison dont les portes sont toujours ouvertes. Il a souvent utilisé l’image de l’Eglise comme hôpital de campagne après une bataille qui a fait de nombreux blessés; une Eglise désireuse de prendre en charge avec détermination les problèmes des personnes et les grandes souffrances qui déchirent le monde contemporain; une Eglise capable de se pencher sur chaque homme, au-delà de toute croyance ou condition, pour soigner ses blessures. Il a souvent rappelé avec force que nous appartenons tous à la même famille humaine.
Face à la fureur des nombreuses guerres de ces dernières années, avec leurs horreurs inhumaines, leurs innombrables morts et destructions, le pape François n’a cessé d’élever la voix pour implorer la paix et appeler à la raison, a des négociations honnêtes afin de trouver les solutions possibles, car la guerre, disait-il, n’est que mort d’êtres humains, destruction de maisons, d’hôpitaux et d’écoles. La guerre laisse toujours le monde pire qu’il n’était auparavant : elle est toujours une défaite douloureuse et tragique pour tous.
Enfin, le pape François avait l’habitude de conclure ses discours et ses rencontres en disant: N’oubliez pas de prier pour moi. Cher Pape François, nous te demandons maintenant de prier pour nous et que, du ciel, tu bénisses l’Eglise, bénisses Rome, bénisses le monde entier, mais aussi, idéalement, avec l’humanité qui cherche la vérité d’un cœur sincère et qui tient haut le flambeau de l’espérance.
Giovanni Battista Re, Homélie pour les funérailles du pape François – 26 avril 2025 / extraits (lefigaro.fr)