Morceaux choisis – 1289 / Claudio Montale

Claudio Montale

Temps de ferveur, temps de désenchantement, temps de vide, temps de joie, temps de solitude ou de souffrance… La liste est longue pour évoquer ces couleurs changeantes de notre quotidien qui s’efforcent d’épouser celles de notre Dieu de tendresse et de miséricorde. En vain, tant que l’Esprit Saint ne nous suggère pas d’emprunter le chemin inverse. Sinon, nous n’avons rien compris du Mystère: Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure (Jn 15, 16).

Parmi toutes les voies par lesquelles Dieu vient nous chercher pour transfigurer nos couleurs disparates, en communauté ou dans la solitude de notre chambre – la Parole, les Sacrements, la prière – scintille la Liturgie des Heures, rythmée par 7 offices chez nos amis prêtres, moines et moniales.

Pour nous, laïcs de la première ou l’avant-dernière heure, 4 principales haltes concentrent l’essentiel de ce cœur à cœur avec notre Seigneur: à l’aube, au milieu du jour, à la fin de l’après-midi et le soir.

Mais jugez plutôt: au matin, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige au dehors, qu’elle est précieuse, l’invitation des Laudes: Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche publiera ta louange, suivie par le psaume 94: Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut. Premier rayon de soleil intérieur, de paix devant Celui qui vient et entreprend déjà de nous extirper de nous-mêmes: ce mal profond qui enfreint notre liberté d’être et d’agir.

Ensuite la paix fait son chemin ou non, au gré des circonstances que ce jour nous réserve, même quand le Christ semble parfois bien loin alors que c’est nous qui l’abandonnons sur notre chemin d’Emmaüs…

Mais après le travail du jour, la paix revient avec les Complies: Puisqu’il s’attache à moi je le délivre; je le défends, car il connaît mon nom. Il m’appelle, et moi, je lui réponds; je suis avec lui dans son épreuve, chante le psaume 90 le dimanche, avant le Cantique de Syméon: Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole… Sans oublier pour conclure le Ave Regina Caelorum, cher à mon cœur. Puis le silence. La nuit. Le repos.

Toute la Liturgie des Heures qui va de la prière de louanges aux Laudes à la prière d’intercession des Vêpres, éveille à la gratitude, à la joie et endort dans le recueillement, dans la paix, après les turbulences du cœur humain exprimées par les psaumes du jour, nous rapprochant des autres, avec le Christ.

Avec un peu d’audace, l’Esprit Saint peut alors faire nôtre cette belle profession de foi de sainte Thérèse Bénédicte de la Croix: C’est notre vocation de nous tenir devant Dieu pour tous! 

Par la Liturgie des Heures, malgré de nombreux trous dans notre raquette, cette aventure aux issues imprévisibles, au pas de Dieu, n’est pas qu’un exercice de style, mais peut faire de nous, au-delà de toute perception sensible, les bâtisseurs discrets de notre Eglise, tout à coup silencieuse, elle aussi…

Claudio Montale, Vivre au rythme de Dieu (saint-augustin.ch)

image: Hauterive – Posieux / Canton de Fribourg, Suisse (2021)

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