Thomas Merton
Le mystère de l’Avent est un mystère de nudité, de pauvreté, de servitude. Il doit en être ainsi; autrement ce ne pourrait être un mystère d’espérance. Le mystère de l’Avent est le mystère d’un commencement, mais c’est aussi le mystère d’une fin. La plénitude des temps est la fin de tout ce qui n’est pas plénitude. C’est l’achèvement de tout ce qui était encore inachevé, incomplet. C’est l’achèvement, dans l’unité, de tout ce qui était fragmentaire. Le mystère de l’Avent, dans nos vies, c’est le commencement de la fin, en nous, de tout ce qui n’est pas encore le Christ. C’est le commencement de la fin de l’irréalité.
Certes, nous devrions nous en réjouir! Mais malheureusement nous nous accrochons à ce qui est irréel; nous préférons la partie au tout; nous continuons à être des fragments; nous ne voulons pas être un seul homme dans le Christ. L’Avent, pour nous, signifie l’acceptation de ce commencement entièrement nouveau. Il signifie que nous sommes prêts à ce que l’éternité et le temps se rencontrent non seulement dans le Christ, mais en nous, dans l’homme, dans notre vie, notre monde, notre temps.
Le mystère de l’Avent, par conséquent, est centré autour du fait que Dieu est maintenant présent dans l’homme et que l’homme sera jugé selon son acceptation ou son refus de cette vérité cruciale dans toutes ses conséquences. Ce que nous faisons aux hommes, nous le faisons au Christ, d’où la tragédie que représentent les désordres et les injustices contemporains. Ce n’est pas seulement qu’ils empêchent les hommes d’être un dans le Christ, mais plutôt qu’ils déchirent l’humanité qui dans le mystère de l’Avent est déjà, au moins virtuellement, unie dans le Christ. A la lumière des événements récents, cette doctrine est dégrisante, pour ne pas dire effrayante. Qui de nous ne trahit pas cette foi?
L’Avent, dans ces sombres années de guerres et de rumeurs de guerre, nous rappelle que nos oeuvres, au jour du jugement, seront trouvées insuffisantes; qu’elles seront entièrement consumées par le feu et que c’est par le feu même qui détruit nos oeuvres imparfaites que nous pourrons être sauvés.
Thomas Merton, Le temps des Fêtes (Ad Solem, 2012)
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