Chemins de la contemplation – 3

Yves Raguin

Chemins de la contemplation – III

Quand on a décidé de partir à la recherche de Dieu, il faut faire ses bagages, seller son âne et se mettre en route. La montagne de Dieu est à peine visible dans le lointain… A l’aube, il faut partir. C’est un grand départ. Il faut dire adieu. A quoi? A tout et à rien. A rien, car ce monde que l’on quitte sera toujours là près de nous, en nous, jusqu’à notre dernier souffle, toujours aussi près de nous. Etant chassé et repoussé, il a bien des chances de surgir avec plus de véhémence à l’intérieur de nous-mêmes. A tout, car, en partant à la recherche de l’absolu, nous coupons les ponts avec tout ce qui pourrait nous en détourner, avec ce qui, en nous et dans les êtres, tend à former un corps d’opposition à l’action divine. Finalement, ce qui est le plus dur à laisser, c’est ce nous-même, qui dans son besoin fondamental d’autonomie, s’oppose à Dieu.

En partant, il faut mettre sur son âne tout ce qu’on possède et partir avec tout ce qu’on est, sa carcasse, son esprit, son âme. Il faut tout prendre, les grandeurs et les faiblesses, le passé de péché, les grandes espérances, les tendances les plus basses et les plus violentes… tout, tout, car tout doit passer par le feu. Tout doit être finalement intégré pour faire un être humain capable d’entrer corps et âme dans la connaissance de Dieu.

Yves Raguin, Chemins de la contemplation (Desclée de Brouwer, 1969)

image: Carmel du Pâquier, Suisse (2017)

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