Chemins de traverse – 747 / Sylvain Tesson

Sylvain Tesson

Au cours de mes voyages, j’ai toujours associé deux images à la leçon du Scamandre – le dieu fleuve. Celle de la mer d’Aral et celle des temples d’Angkor. L’une a été vidée par la démiurgie de l’homme. Les autres sont recouverts de jungles, et les racines des arbres disloquent les fondations cyclopéennes. Dans l’Aral, l’homme a manifesté sa démesure. Même le ciel s’en est offusqué et, aujourd’hui, les nuages portent un voile de poussière noire. A Angkor, la nature a prouvé qu’un jour tous nos échafaudages seront recouverts d’un linceul. En Aral, la punition de notre orgueil. A Angkor, son ensevelissement.

Tout passe, tout coule, tout s’efface, savait Héraclite avant Socrate. Homme! nous dit Homère, ta démesure ne résistera pas aux dieux. Pourquoi t’obstines-tu à vouloir te hisser au-dessus de toi-même?

Sylvain Tesson, Un été avec Homère (Les Equateurs/France Inter, 2018)

image: Temple d’Angkor, Cambodge (bleunwennature.canalblog.com)

 

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