Seigneur, apprends-nous à prier – 34

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – XXXIV

Nous poursuivons la catéchèse sur le Notre Père, en arrivant désormais à l’avant-dernière invocation: Ne nous soumets pas à la tentation (Mt 6, 13). Une autre version dit: Ne nous laisse pas entrer en tentation. Comme on le sait, l’expression originale grecque contenue dans les Evangiles est difficile à rendre de manière exacte, et toutes les traductions modernes sont un peu boiteuses. Nous pouvons cependant converger sur un élément de manière unanime: quelle que soit la manière dont on comprend le texte, nous devons exclure le fait que Dieu est le responsable des tentations qui pèsent sur le chemin de l’homme. 

Ces moments d’épreuve et de tentation ont été mystérieusement présents dans la vie de Jésus Lui-même. Dans cette expérience, le Fils de Dieu est entièrement devenu notre frère, d’une manière qui est presque un scandale. Et ce sont précisément ces passages évangéliques qui nous démontrent que les invocations les plus difficiles du Notre Père, celles qui terminent le texte, ont déjà été exaucées: Dieu ne nous a pas laissés seuls, mais en Jésus, Il se manifeste comme le Dieu avec nous, jusqu’aux conséquences les plus extrêmes. Il est avec nous quand Il nous donne la vie, Il est avec nous au cours de la vie, Il est avec nous dans la joie, Il est avec nous dans les épreuves, Il est avec nous dans la tristesse, Il est avec nous dans les défaites, quand nous péchons, mais Il est toujours avec nous, parce qu’Il est Père et ne peut pas nous abandonner.

Si nous sommes tentés d’accomplir le mal, en refusant la fraternité avec les autres et en désirant un pouvoir absolu sur tout et tous, Jésus a déjà combattu cette tentation pour nous: les premières pages de l’Evangile en attestent. Immédiatement après avoir reçu le baptême de Jean, au milieu de la foule des pécheurs, Jésus se retire dans le désert et est tenté par Satan. C’est ainsi que commence la vie publique de Jésus, par la tentation qui vient de Satan. Satan était présent. Beaucoup de gens disent: Pourquoi parler du diable qui est une chose antique? Le diable n’existe pas. Mais regarde ce que t’enseigne l’Evangile: Jésus a été confronté au diable, il a été tenté par Satan. Mais Jésus repousse toute tentation et Il en sort victorieux. L’Evangile de Matthieu a une note intéressante qui termine le duel entre Jésus et l’Ennemi: Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient (Mt 4,11). 

Au temps de l’épreuve suprême, Dieu ne nous laisse pas seuls. Quand Jésus se retire pour prier au Gethsémani, Son cœur est envahi par une angoisse indicible – c’est ce qu’il dit aux disciples – et Il fait l’expérience de la solitude et de l’abandon. Seul, avec la responsabilité de tous les péchés du monde sur Ses épaules; seul, avec une angoisse indicible. L’épreuve est tellement déchirante qu’il se produit quelque chose d’inattendu. Jésus ne mendie jamais d’amour pour lui-même, pourtant au cours de cette nuit, Il sent Son âme triste à en mourir, et alors Il demande la proximité de ses amis: Demeurez ici et veillez avec moi! (Mt 26,38). Comme nous le savons, les disciples, alourdis par une torpeur causée par la peur, s’endorment. Au moment de l’agonie, Dieu demande à l’homme de ne pas L’abandonner, et l’homme dort. Au moment où l’homme connaît son épreuve, Dieu en revanche veille. Dans les moments les plus durs de notre vie, dans les moments de plus grande souffrance, dans les moments les plus angoissants, Dieu veille avec nous, Dieu lutte avec nous, Il est toujours proche de nous. Pourquoi? Parce qu’il est Père. Et un père n’abandonne jamais ses enfants. Cette nuit de douleur de Jésus, de lutte, est le dernier sceau de l’Incarnation: Dieu descend pour nous rencontrer dans nos abîmes et dans les tribulations qui parsèment l’histoire.

C’est notre réconfort à l’heure de l’épreuve: savoir que cette vallée, depuis que Jésus l’a traversée, n’est plus désolée, mais qu’elle est bénie par la présence du Fils de Dieu. Lui ne nous abandonnera jamais! Eloigne donc de nous, ô Dieu, le temps de l’épreuve et de la tentation. Mais quand ce temps arrivera pour nous, notre Père, montre-nous que nous ne sommes pas seuls. Tu es le Père. Montre-nous que le Christ a déjà pris sur Lui également le poids de cette croix. Montre-nous que Jésus nous appelle pour la porter avec Lui, en nous abandonnant avec confiance à Ton amour de Père.

Pape François, Catéchèse sur le Notre Père / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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