Morceaux choisis – 45 / Jean de la Croix

Jean de la Croix

L’inestimable bonheur de l’âme est de voir qu’elle fait à Dieu, de ce qui lui appartient à elle-même, un don proportionné à l’infinité de son être. Il est bien vrai que l’âme ne peut, à proprement parler, donner Dieu à Dieu, puisqu’il reste toujours à Lui-même; et cependant on peut dire qu’autant qu’Il est en elle, elle Lui fait ce don d’une manière réelle et parfaite. Elle lui donne tout ce qu’elle a reçu de Lui, afin de payer la dette de l’amour, qui veut rendre autant qu’il reçoit. Et Dieu consent à être payé par ce don de l’âme, et Il ne peut être payé autrement, et Il reçoit cette rémunération avec reconnaissance, comme un don que l’âme Lui fait volontairement; et dans cette remise faite à Dieu de Dieu même, l’âme se trouve investie d’un nouvel amour… Elle loue Dieu à cause de ce qu’Il est en Lui-même. N’en reçût-elle aucun bienfait, elle Le louerait parce qu’Il mérite d’être loué.

Jean de la Croix. La vive flamme d’amour A, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1990)

image: Hans Memling, Ange tenant un rameau d’olivier (fr.muzeo.com)

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