Catherine de Sienne
Vous savez bien que si un homme sale et mal vêtu venait vous apporter un grand trésor qui vous donnerait la vie, par amour du trésor et du prince qui vous l’envoie, vous vous garderiez bien de détester ce porteur, malgré ses guenilles et sa saleté. Il vous déplaîrait, certes, mais vous vous ingénieriez, pour l’amour du maître, à faire en sorte qu’il se lave et se change. C’est ainsi que vous devez agir, c’est ainsi que vous devez faire selon l’ordre de la charité, c’est ainsi que Je veux vous voir vous comporter envers ceux de mes ministres qui, avec la crasse et avec leurs vêtements de vices, tout déchirés par le manque de charité, vous apportent ces grands trésors: les sacrements de la sainte Eglise.
Vous savez bien que Je veux leur faire grâce si eux se disposent à Me recevoir et vous à Me prier. Ma volonté, en effet, ne veut pas qu’ils vous dispensent le soleil en restant dans les ténèbres, ni qu’ils soient dépouillés du vêtement de la vertu, ni qu’ils vivent dans l’impureté: c’est pour qu’ils soient des anges sur terre que Je vous les ai donnés. S’ils ne le sont pas, priez-Moi, mais ne les jugez pas. Leur jugement M’incombe. Mais alors, grâce à vos prières, et s’ils veulent Me recevoir, Je leur ferai miséricorde.
Catherine de Sienne, Traité de l’oraison, dans: Le livre des dialogues, suivi de Lettres (coll. Points Sagesses/Seuil, 2002)
image: http://www.communautesaintmartin.org
