Chemins de traverse – 136 / Hugo von Hofmannsthal

Hugo von Hofmannsthal

Nous sommes faits de ce dont on fait tous les rêves,
Et les rêves ouvrent grands soudain les yeux
Comme des petits enfants sous les cerisiers,
Où la pleine lune vient commencer dans le feuillage
Sa course d’or pâli à travers la grande nuit. …

Nos rêves ne surgissent pas autrement.
Ils sont là et ils vivent comme un enfant qui rit,
guère moins grands dans leur tenue et leur départ
Qu’une pleine lune éveillée du haut des arbres.
Le plus intime est grand ouvert à leur tissage:
Comme des mains d’esprits dans un espace enclos
Ils sont en nous et y ont toujours vie.
Et trois font un: un homme, une chose, et un rêve.

Hugo von Hofmannsthal, Tercets sur la mortalité – Anthologie bilingue de la poésie allemande (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1995)

image: http://www.paperblog.fr

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