Thérèse de Jésus (Thérèse d’Avila) 

Le château intérieur – XX. Cinquièmes Demeures – IV

Voyons ce que devient ce ver, car c’est pour venir là que j’ai dit tout le reste. Ce qu’il devient? Mais lorsqu’il est entré dans cette oraison, qu’il est entièrement mort au monde, il se change en un petit papillon blanc! Oh! puissance divine! quel état que celui d’une âme qui vient d’être plongée dans la grandeur de Dieu, et si étroitement unie à lui durant un court espace du temps, car, selon moi, cette union ne dépasse jamais une demi-heure! Je vous le déclare en toute vérité, cette âme ne se reconnaît plus elle-même.

Voyez la différence qu’il y a entre un vilain ver et un petit papillon blanc: eh bien! c’est la même chose. Cette âme ne sait pas comment elle a pu mériter un si grand bien, je veux dire, d’où il a pu lui venir, car elle sait parfaitement qu’elle ne l’a pas mérité. Elle sent un désir qui la consume de louer Dieu et d’affronter pour Lui mille morts. La voilà qui aspire à porter de grandes croix, et ce désir est irrésistible. Elle a soif de pénitence, elle soupire après la solitude, elle voudrait que Dieu soit connu de tous les hommes; de là, une affliction profonde en voyant qu’on L’offense.

Thérèse d’Avila, Le château intérieur, dans: Oeuvres complètes (Cerf, 1995)

image: Gian Lorenzo Bernini, Estasi di Santa Teresa / Chiesa di Santa Maria della Vittoria, Roma – Italia (artspecialday.com)

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