Chemins de traverse – 195 / Jules Supervielle

Jules Supervielle

C’est tout ce que nous aurions voulu faire
et n’avons pas fait,
Ce qui a voulu prendre la parole
et n’a pas trouvé les mots qu’il fallait,
Tout ce qui nous a quittés
sans rien nous dire de son secret,
Ce que nous pouvons toucher
et même creuser par le fer sans jamais l’atteindre,
Ce qui est devenu vagues et encore vagues
parce qu’il se cherche sans se trouver,
Ce qui est devenu écume
pour ne pas mourir tout à fait,
Ce qui est devenu sillage de quelques secondes
par goût fondamental de l’éternel,
Ce qui avance dans les profondeurs
et ne montera jamais à la surface,
Ce qui avance à la surface et redoute les profondeurs,
Tout cela et bien plus encore,
La mer.

Jules Supervielle, La mer, dans: Oublieuse mémoire, précédé de Fable du monde ((coll. Poésie/Gallimard, 2012)

image: Willy Goudet, Fenêtre sur mer (photos.linternaute.com)

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