Chemins de traverse – 844 / Marcel Proust

Marcel Proust

Le temps qui change les êtres ne modifie pas l’image que nous avons gardée d’eux. Rien n’est plus douloureux que cette opposition entre l’altération des êtres et la fixité du souvenir, quand nous comprenons que ce qui a gardé tant de fraîcheur dans notre mémoire n’en peut plus avoir dans la vie, que nous ne pouvons, au dehors, nous rapprocher de ce qui nous parait si beau au dedans de nous, de ce qui excite en nous un désir, pourtant si individuel, de le revoir, qu’en le cherchant dans un être du même âge, c’est-à-dire d’un autre être.

Marcel Proust, A la recherche du temps perdu – La temps retrouvé (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1954)

image: Georges Seurat, Baignade à Asnières (deacademic.com)

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