Vous verrez le Ciel ouvert – I
Les entretiens de Charles Journet
Le mystère de Dieu est sans bornes. C’est un Sommet vers lequel toutes les vérités que l’on peut énoncer de Dieu sont orientées, où elles convergent, où elles s’unissent et se fondent. Un peu comme les sept couleurs du spectre solaire se fondent dans la lumière blanche.
Quelle est cette vérité? Dieu existe? Oui! Le monde existe? Oui! Ils sont distincts l’un de l’autre? Oui! Donc, ils se partagent l’être entre eux, donc il y a concurrence entre eux? Non! C’est justement l’erreur, la pire erreur! Pour faire une vraie place au monde, c’est folie de vouloir supprimer Dieu, ou amoindrir Dieu, ou prendre sur l’être de Dieu. Et pour donner toute la place à Dieu, ce serait une autre sorte de folie de vouloir supprimer le monde, de le regarder comme un rêve, une hallucination: nous savons assez que le monde est réel, que nos deuils sont réels, qu’ils déchirent réellement notre coeur, que le sang des hommes ensanglante une terre réelle.
Toute la vérité chrétienne, c’est justement de découvrir que Dieu est trop différent du monde pour que le monde puisse entrer en concurrence avec Lui. Dieu est, le monde est: mais ils ne sont pas de la même manière; ils sont, au contraire, d’une manière essentiellement différente. La signification du mot être, quand elle passe du monde à Dieu, ou de Dieu au monde, est toute transposée. Il faut dire l’être du monde est au fini ce que l’être de Dieu est à l’infini.
Charles Journet, Entretiens sur Dieu le Père / extraits (Parole et Silence, 1998)
image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)