Morceaux choisis – 945 / Jean-Marie Lovey

Jean-Marie Lovey

Le coronavirus se promène de région en région. Certaines personnes en sont tombées malades, d’autres sont mortes, d’autres encore, épargnées. Les responsables de gouvernement ou de santé publique ont pris des mesures pour protéger les plus faibles et endiguer le mal. Cette situation tout à fait inhabituelle nous provoque. D’abord à ne pas céder à la peur. La peur répand le virus de la panique. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille jouer les héros, ceux qui ne craignent pas de s’exposer aux virus mais qui feraient courir un grave risque aux autres en répandant la maladie autour d’eux. Que faire alors? Il s’agit de se soumettre humblement, raisonnablement, et avec confiance aux normes de prévention prescrites. Les chrétiens s’y engagent parce qu’ils font partie de la société. Cette solidarité fait appel aux vertus chrétiennes de justice, de prudence, de charité. En leur nom, nous nous engageons à respecter ce qui est mis en place pour endiguer le mal.

Pas de peur, mais pas de repli sur soi non plus. Les Communautés paroissiales empêchées de se retrouver pour la célébration de la messe dominicale, sont en souffrance. Le jour du Seigneur, les chrétiens se rassemblent pour célébrer le Christ vivant. C’est là leur manière habituelle de rendre manifeste, dans le temps et dans l’espace leur appartenance au Corps du Christ qu’est l’Eglise. Qu’ils ne puissent pas le faire est une épreuve tant cette nécessité leur est vitale! Les échos qui nous parviennent sont nombreux. Je pense aux communautés religieuses privées de l’eucharistie quotidienne! Avec les chrétiens du temps des persécutions, nous disons: Sans le dimanche, nous ne pouvons pas vivre. S’il ne nous est plus possible, momentanément, à cause du coronavirus, de nous rassembler pour la messe, ou autre forme de prière, ne cédons pas pour autant au risque de la fermeture sur soi, du repli et de l’oubli de l’autre. Devoir jeûner de l’Eucharistie est une forme inattendue de cet exercice. Puisque les formes habituelles ne sont plus possibles, transformons cet empêchement en un moment favorable pour trouver d’autres manière d’exprimer et nourrir la vie de foi. Certains l’ont déjà mis en œuvre:

Par exemple: De partout, jaillissent des prières pour demander la protection contre l’épidémie. Prenons le relais de ces chaînes de prières. Quand vous entendrez sonner au clocher de la paroisse sachez que votre curé célèbre, même s’il est seul, pour tout le peuple et donc avec vous. Ainsi vous pourrez vous unir aux intentions de cette messe à distance. Nous prierons pour toutes les personnes que cette situation affecte. Nous pensons à toutes celles qui sont aux avant-postes dans les soins. Que notre prière et notre reconnaissance les encourage. N’oublions pas la communion spirituelle ou communion de désir. Plusieurs médias, les réseaux sociaux sont au service de retransmission d’expériences chrétiennes de prière. Et si l’on redécouvrait la prière en famille? N’oublions pas tout le domaine de la charité, ces mille gestes à mettre en place pour que les liens de sympathie de soutien, d’accompagnement soient cultivés. L’occasion est bonne aussi pour un contact renouvelé avec la Parole de Dieu: elle va nous rejoindre avec une force nouvelle, c’est sûr!

Nous demanderons au Seigneur qu’Il transforme notre expérience du manque en un désir encore plus intense de pouvoir nous retrouver le plus vite possible autour de la table de l’Eucharistie. Alors ce sera vraiment comme un matin de Pâques!

Jean-Marie Lovey, évêque du diocèse de Sion / extrait – 18 mars 2020 (cath.ch) 

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