Vous verrez le Ciel ouvert – 14

Vous verrez le Ciel ouvert – XIV

Les entretiens de Charles Journet

Au sein même de son inquiétude et de son tourment, l’Eglise sent grandir en elle une mystérieuse confiance. Il est vrai que plus elle prend conscience des exigences de sa mission, plus elle se sent impuissante. En même temps cependant, elle découvre une chose qu’elle savait certes, mais sans en soupçonner toute l’étendue, à savoir que l’amour de son Sauveur, qui tombe sur elle directement et en plénitude, la déborde cependant en quelque sorte, passant par-dessus les moyens visibles dont elle dispose, pour aller par ses prévenances lui préparer partout dans le monde des adhésions secrètes qui s’ignorent et qu’elle ignore. A mesure qu’elle prend conscience d’être ainsi débordée, elle prie elle-même et supplie pour que ce beau mystère de miséricorde continue de s’accomplir.

Les mots du Sauveur sur les brebis qui ne sont pas dans l’enclos, prennent pour l’Eglise, avec l’expérience des siècles, des résonances encore inaperçues. Elle sait que sa réalisation visible et plénière n’est que le noyau de l’immense nébuleuse du salut. Elle croit – non certes à cause du mérite des hommes trop nombreux hélas à suivre la voie spacieuse qui conduit à la perdition -, mais à cause des prévenances bouleversantes de l’amour de Dieu, au grand nombre de ceux qui Lui auront appartenu dans le secret, peut-être au tout dernier instant de leur vie, et qui seront élus.

Comment oublierait-elle que le Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés, et que dans la maison du Père les demeures sont nombreuses (cf. Jn 14,1) ?

Charles Journet, Entretiens sur l’Eglise / extraits (Parole et Silence, 2001)

image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)

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