La spiritualité du Carmel – 4

Quelques traits caractéristiques de la spiritualité du Carmel – IV 

3. Troisième caractéristique

C’est à partir de cette union intime à Dieu, dans la foi, que se développe de plus en plus un agir dont la source est à la fois la liberté humaine et Celui qui nous anime. Peu à peu, les mots de saint Paul trouvent une résonance profonde: Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi (Ga 2,20), alors qu’une autre parole de l’Apôtre traduit une expérience intérieure, déconcertante, apparemment contradictoire avec la précédente: Je ne comprends rien à ce que je fais: ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais (…) Vouloir le bien est à ma portée, mais non pas l’accomplir, puisque le bien que je veux, je ne le fais pas et le mal que je ne veux pas, je le fais. (Rm 7,15)

Dieu, écouté, contemplé dans l’Écriture et dans les événements, et servi dans le quotidien, est à l’œuvre dans sa créature, qui est pourtant encore pleine de défauts, parfois criants. Et Il agit en elle, et par elle, au delà ce qu’elle aurait pu imaginer. Ce n’est plus moi, c’est Lui…

Troisième caractéristique : cet agir branché sur le Christ, tête d’un Corps dont nous sommes les membres, a un accent d’universalité, de catholicité aux dimensions de l’Eglise universelle. Oui j’ai trouvé ma place dans l’Eglise et cette place, ô mon Dieu, c’est Vous qui me l’avez donnée… dans le cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour. (Thérèse de Lisieux, Manuscrit B)

Comment pourrait-il en être autrement? Le Carmel se situe au cœur, dans le Christ que nous rejoignons dans notre propre cœur. Ainsi placé, son regard ne peut que porter très loin, car plus on est au centre, plus on est en relation avec l’ensemble. Et comment l’esprit vivant du Carmel, son charisme, ne susciterait-il pas responsabilité et solidarité? Cette union vivante au Christ est une union à Celui qui s’est fait solidaire de tous les hommes jusqu’à donner Sa vie pour eux tous.

Mais quel est donc l’aspect du mystère du Christ auquel le Carmel est particulièrement sensible? Quels sont les textes d’Evangile qui inspirent ses choix? 

Des foules accouraient pour entendre Jésus et se faire guérir de leur maladie. Mais lui se retirait dans les solitudes et priait. (Lc 5,15-16) Jésus s’arrête régulièrement de guérir les malades qu’Il peut guérir et d’annoncer la Bonne Nouvelle qu’Il annonce dans la force de l’Esprit pour se retirer dans la solitude et prier, sachant que là s’opère une œuvre aussi grande que celle qu’Il accomplit dans Ses autres activités. Le Carmel aime à suivre Jésus dans cette prière. Et encore: A Gethsémani, Jésus prit avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée… Il leur dit: Mon âme est triste à en mourir. Demeurez ici et veillez avec moi... Il revient vers ses disciples et les trouve en train de dormir (cf. Mt 26,38 et 40). Le Carmel aime à répondre à l’appel de Jésus: Veillez et priez. Ce n’est pas tout…

Tous les saints du Carmel sont imbibés de la Parole de Dieu, lue, méditée, savourée, ruminée, digérée. Ils aiment à regarder Marie, mère de Jésus, qui, elle aussi, symbolise la vocation du Carmel. Auprès de Jésus, Marie gardait tous ces souvenirs et les méditait dans son cœur. (Lc 2,19). Auprès de Marie, le Carmel apprend à vivre en compagnie de Jésus, à Le regarder, à se laisser habiter par la Parole, à prier et à aimer au cœur de l’Église.

Mystérieux Carmel qui n’a pas de compétence particulière et qui s’avère souvent bien fragile. Dans le Christ, il rejoint néanmoins chaque homme et chaque situation humaine, au niveau le plus profond, là où le Christ Lui-même le rejoint.

Carmel de France, Quelques traits caractéristiques de la spiritualité du Carmel / extraits (carmel.asso.fr)

image: Carmel du Reposoir, France (service-des-moniales.cef.fr)

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