Vous verrez le Ciel ouvert – XXVII
Les entretiens de Charles Journet
Dans la société surnaturelle qu’est l’Eglise, ce qui est le plus intime, profond, c’est cette contemplation amoureuse, cette participation à la vie du Sauveur Jésus rachetant le monde. Et ce qui est secondaire, c’est la manifestation extérieure de cette contemplation dans le culte liturgique. Jamais l’homme n’est davantage et plus parfaitement membre de l’Eglise que quand il participe d’abord à la grande contemplation amoureuse de l’Eglise, que lorsque, ayant fermé la porte sur lui, et seul avec Celui qu’il aime, il est uni à Dieu dans une ineffable union de personne à personne, et entre dans les profondeurs de Dieu.
Si donc vous participez à un office liturgique avec un amour moins grand que celui qui vivrait, seul dans un désert, dans la contemplation amoureuse, vous participez moins à la vie du corps mystique que celui qui serait seul dans un désert avec un amour plus grand. A égalité d’amour, la participation secrète et profonde se fera de part et d’autre, et une fois elle trouvera sa manifestation spontanée et plénière par la liturgie.
C’est ce qu’il y a de plus intime et de plus profond dans l’Eglise qu’un saint Jean de la Croix dans son cachot participe: en son amour pour Dieu et pour les hommes passe visiblement quelque chose de l’amour que Dieu infuse à l’Eglise entière. On ne peut aimer Dieu sans aimer tout ce qu’Il aime. Impossible donc qu’il y ait un vrai acte d’amour de Dieu qui ne retombe en pluie sur les autres hommes, puisque Dieu les aime.
Charles Journet, Entretiens sur la prière / extraits (Parole et Silence, 2006)
image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)
