Vous verrez le ciel ouvert – 43

Vous verrez le Ciel ouvert – XXXXIII

Les entretiens de Charles Journet

Souvent on ne sait quelle attitude adopter dans des circonstances difficiles: Dois-je parler ou me taire? Faire ceci ou cela? Mettez-vous, autant que vous le pouvez, sous la fontaine de la lumière de Dieu et de Son amour, et agissez alors selon votre instinct. Si vous raisonnez, si vous mettez vos raisons sur deux colonnes, vous ne vous en sortirez pas: il fallait vous transformer, vous mettre sous la fontaine, et dans la mesure où vous l’aurez fait vous agirez juste. C’est l’attitude habituelle des saints, et c’est pourquoi tout ce qu’ils font est beau. Jamais un geste manqué. Celui qui a eu le génie du geste vrai, du geste juste, c’est saint François d’Assise. C’est Dieu qui donne lers réponses, personne d’autre: mettez-vous sous la Fontaine, et tant que vous y serez tout ira bien.

C’est l’Esprit Saint qui nous rend amoureux de Dieu, c’est par Lui que nous allons être constitués contemplateurs de Dieu. Saint Thomas d’Aquin cite ce texte prodigieux de saint Paul: Et nous tous qui n’avons pas de voile sur le visage, nous reflétons la gloire du Seigneur, et nous sommes transformés en son image avec une gloire de plus en plus grande, par l’action du Seigneur qui est Esprit (2 Co 3, 18). 

Quand il y a l’amour, il y a la contemplation. La contemplation infuse n’est pas possible sans beaucoup d’amour; et quand l’amour est là, ce n’est pas possible qu’il ne soit pas contemplatif. C’est Dieu qui est constamment derrière le voile, et quel voile!

Une autre particularité de l’amitié, c’est qu’elle se réjouit de la présence de l’ami, de ses paroles, de ses actes. Dans cette présence elle trouve consolation à toutes ses anxiétés, remède à toutes ses tristesses. C’est pourquoi l’Esprit Saint, parce qu’il nous constitue amis et contemplateurs de Dieu, et qu’Il le fait habiter en nous, va être appelé le Consolateur, le Paraclet. Il nous oriente vers la vérité d’une façon toujours plus profonde, et vers la paix divine. Et saint Thomas d’Aquin citera, comme accompagnant toujours la charité, la paix et la joie. Une joie qui n’exclut pas les tristesses et les épreuves. L’amour fera verser des larmes, mais ces larmes seront douces; comme celles de cette petite bergère qui ne pouvait pas dire le Notre Père sans pleurer. Il y aura aussi des larmes bien douloureuses, parce que l’Amour n’est pas aimé. Mais toujours quelque chose s’accomplit.

Charles Journet, Entretiens sur la charité / extraits (Parole et Silence, 1999)

image: Chartreuse de la Valsainte, Charmey / Suisse (acustica-godel.ch)

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