Chemins de traverse – 326 / Claude Roy

Claude Roy

La lumière était de plus en plus lumière
clarté pure et sèche
froide avec douceur
pendant que nous montions le chemin des alpages
où les clochettes des vaches
tintent nonchalamment

Nous avons pris ensuite le sentier de terre
qui longe la forêt de grands sapins noirs
noirs du noir bleuté
d’un plumage de choucas

Tout le long de la route
une eau secrète nous parle
visible un instant
quand le léger ruisselet traverse le sentier
puis de nouveau cachée
mais toujours s’enchantant
parole de fraîcheur
patience murmurée
l’incessante la volubile
l’eau qui avance à notre pas

Toi dans ma vie
ma chantante en sourdine
rire caché dans l’herbe
source
ma continuelle.

Claude Roy, Les paroles de l’eau, dans: A la lisière du temps – suivi de: Le voyage d’automne (coll. Poésie/Gallimard, 2005)

photo: Claudine Gaulier-Denis (ipernity.com)

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