Chemins de traverse – 16 / Marie Noël

Marie Noël

Il arrive que nous cherchons, dans notre ami, la consolation et qu’elle ne s’y trouve pas aujourd’hui. Il arrive que nous ayons soif et que la tendresse de notre ami oublie aujourd’hui de nous donner à boire. C’est que la source de douceur humaine n’est pas inépuisable. Le consolateur a, comme nous, ses heures de sécheresse. Celui qui nous donne la force manque aujourd’hui de force. Celui qui relève notre joie est tombé, aujourd’hui, de sa joie.

Comprenons-le. Ayons compassion à notre tour de cette pauvreté. N’exigeons rien. Ne réclamons pas sans cesse de l’amitié, de la bonté, le plus dont elle est capable mais soyons toujours reconnaissant pour le moins dont elle dispose, le peu qu’elle a et nous donne. Et sachons attendre. L’instant vient où la grâce de l’ami lui sera et nous sera rendue. 

Marie Noël, Notes intimes, dans: Vives Flammes no 273: La douceur (Ed. du Carmel, 2008)

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