Une étreinte de feu – 364 / Flannery O’Connor

Flannery O’Connor

Mon cher Dieu, les prières devraient être constituées, je m’en aperçois, d’adoration, de contrition, d’action de grâce et d’imploration, et j’aimerais voir comment je me débrouille dans chacune sans faire exégèse. C’est l’adoration, cher Dieu, qui fait mon plus grand désarroi. Je ne parviens pas à appréhender la louange qui T’es due. Intellectuellement, je donne mon assentiment: rendons gloire à Dieu! Mais peut-on s’y consacrer sans rien ressentir? Pour sentir, nous devons connaître. Et pour connaître – chose à laquelle il est bien sûr pratiquement impossible de parvenir entièrement par nous-mêmes – nous dépendons de Dieu. Nous dépendons de Dieu pour l’adoration que nous Lui vouons, adoration entendue au sens le plus fort du terme.

Accorde-moi la grâce, cher Dieu, de t’adorer, car même cela, je ne puis le faire par moi-même. Accorde-moi la grâce de T’adorer avec la ferveur des prêtres des anciens temps, lorsqu’ils Te sacrifiaient un agneau. Accorde-moi la grâce de T’adorer avec la crainte révérencielle de tes prêtres, lorsqu’ils réactualisent le sacrifice de l’agneau sur nos autels. Accorde-moi la grâce d’attendre avec impatience le moment où je Te verrai face à face et n’aurai besoin d’aucun autre stimulus pour T’adorer. Accorde-moi la grâce, cher Dieu, d’ouvrir les yeux sur la sécheresse et la détresse qui règnent là où l’on ne T’adore pas mais Te profane. 

Flannery O’Connor, Journal de prière (coll. Le souffle de l’esprit/Actes Sud, 2019)

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