Morceaux choisis – 463 / Angèle de Foligno

Angèle de Foligno

Si j’essaie de parler de la vie éternelle, il me semble qu’au lieu de parler, je blasphème et qu’au lieu de cultiver, je dévaste. S’il faut dire quelque chose, je dirai que les dons que reçoivent les saints dans la vie éternelle sont des délectations de l’âme par lesquelles Dieu augmente sa capacité pour Le saisir et pour Le tenir. Oh! quand Dieu se présente à l’âme, quand le Seigneur découvre Sa face, Il dilate l’âme et verse dans cette capacité subitement agrandie des joies et des richesses inconnues; et cela se passe dans un abîme dont je n’ai pas encore parlé; celui-ci est plus profond. L’âme est arrachée à toutes ténèbres: la connaissance de Dieu dépasse les possibilités prévues par l’intelligence; et telle est cette lumière, et telle est cette joie, et telle est cette évidence, et tel est cet abîme nouveau qu’il est inaccessible à tout coeur créé. Après l’abîme, mon coeur ignore; incapable de rien comprendre, de rien penser des choses de l’abîme, il ne sait rien, si ce n’est peut-être l’impossibilité naturelle où il était d’aller là. Des choses de l’abîme, il est impossible de rien dire; pas un mot dont le son donne une idée de la chose; pas une pensée, pas une intelligence qui puisse s’aventurer là. Elles restent dans leurs domaines, dans les domaines inférieurs. Pas un mot, pas une idée qui ressemble au Dieu de l’abîme.

Angèle de Foligno, Le livre des visions et des instructions (abbaye-saint-benoit.ch)

image: http://cradio.org.au

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