Jésus-Christ ou rien – 6

Jésus-Christ ou rien – VI

Bernard Bro

Incarnée, l’Eglise est et sera toujours le lieu permanent de l’apocalypse, au sens étymologique: le lieu de la révélation simultanée de l’angoisse et de l’espérance. C’est peut-être pour cela que certains n’en finiront jamais de s’en prendre à elle. Oui, son histoire elle-même n’est pas autre chose que l’histoire d’un salut, et c’est pourquoi, pour comprendre cette histoire même, nous sommes obligés à l’espérance. L’Eglise sera toujours ce lieu de combat des ténèbres et de la lumière dans ce lieu d’angoisse et d’espoir. Elle ne nous dispense pas d’espérer. Elle nous y contraint par sa nature, par son mystère lui-même. Regardez l’Eglise actuelle: à certains jours, on peut penser que nous sommes des barbares qui bradons tout; à d’autres moments, au contraire, que nous manquons incroyablement de réalisme et d’audace.

Aurore ou crépuscule? La question s’est répercutée à chaque époque. Et Dieu seul peut répondre. Vous qui êtes plus jeunes, interdisez-nous de vous faire porter nos pessimismes et nos bilans qui tuent la confiance et feraient croire que c’est le crépuscule qui a le dernier mot! L’avenir est plus grand que nous ne le pensons. Et nous ne pouvons avancer vers une aurore que si, dans l’Eglise d’aujourd’hui, nous recréons la confiance. Ce sera la confiance ou la mort. Et la confiance s’achète parfois contre nos propres préjugés. Nous en avons assez de ces soupçons et de ces a-priori destructeurs de confiance sur l’Eglise et qui viennent des chrétiens eux-mêmes. Qu’on nous laisse tranquilles avec ces attaques contre l’institution, comme on dit. Nous avons plus urgent à faire. Le problème n’est pas de cacher la vérité quelle qu’elle soit, mais à force de ne vivre que dans la mauvaise conscience et le soupçon, ne nous ne nous trompons pas? Et ils se trompent aussi, ceux qui refusent de reprendre jour après jour les sentiers épineux qui mènent à la vérité.

Le plus difficile est peut-être d’arriver à nous aimer nous-mêmes dans la faiblesse, parce que Dieu nous aime. Alors regardons, écoutons, entendons au-delà des informations des professionnels, et nous découvrirons dans l’Eglise et dans nos frères cet immense appel à la vie et à l’espoir qui n’attend que la contagion d’une espérance. 

Bernard Bro, Contre toute espérance / extraits (Cerf, 1975)

image: Pericle Fazzini, La Résurrection – Salle d’audience Paul VI, Vatican (bestglitz.com)

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