Jésus-Christ ou rien – XIV
Bernard Bro
Nous qui avons peur quand on nous parle de sainteté, qui nous sentons indignes ou craintifs, qui n’avons pas envie d’y penser, qui imaginons que cela ne nous concerne pas, une question est cependant proposée: quel est alors le bonheur auquel nous prétendons et pensons-nous qu’il puisse exister en dehors de l’espérance?
Alors rappelons-nous tous ceux qui, depuis le Christ, nous ont ouvert le chemin des Béatitudes, rappelons-nous François d’Assise et tous ceux qui, de manière connue ou inconnue, ont par la sainteté été du côté du bonheur, et entendons comment en leur nom à tous, Thérèse de Lisieux définit la joie parfaite. Au plein milieu de la crise dont elle ne sera libérée que par la mort, elle écrit:
Mais le pur amour est-il bien dans mon coeur? Mes désirs ne sont-ils pas un rêve, une folie? Ah, s’il en est ainsi, Jésus, éclaire-moi. Si mes désirs sont téméraires, fais-les disparaître… Dis-moi quel est ce mystère? Oh, non! Rien ne saurait m’effrayer. Je sais que par-delà les nuages, mon Soleil brille toujours. Parfois, il est vrai, mon coeur se trouve assailli par la tempête, il lui semble ne pas croire qu’il existe autre chose que les nuages qui l’enveloppent; c’est alors le moment de la joie parfaite. Quel bonheur pour lui de rester là quand même, et de fixer l’invisible lumière… Et ma folie à moi, c’est d’espérer que Ton Amour m’accepte… (Manuscrit B)
Amen.
Bernard Bro, Contre toute espérance / extraits (Cerf, 1975)
image: Pericle Fazzini, La Résurrection – Salle d’audience Paul VI, Vatican (bestglitz.com)