Morceaux choisis – 487 / Simone Pacot

Simone Pacot

Ne culpabilisons pas d’avoir des limites. Car alors, ce serait comme chercher à nous faire pardonner d’être créés finis. Discernons d’abord nos limites, nommons-les. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons les accepter et les assumer en les intégrant. Nous nous apaiserons et cesserons de nous croire indignes d’être aimés tels que nous sommes. A partir de ce moment notre regard change, nous comprenons qu’il est normal de vivre des oppositions, des crises, des situations difficiles. En ayant moins peur de nous, de l’autre, de Dieu, nous nous sommes approchés de notre vérité, et cela nous rend libres. Mais ce n’est pas une résignation, qui est mortelle passivité, contraire au mouvement spirituel. C’est un acte conscient, déterminé, un choix qui va consister en premier lieu à déposer nos illusions sur nous-mêmes, sur les autres, sur une situation. 

Questionnons-nous sur les limites que nous n’acceptons pas, les deuils que nous ne pouvons nous résoudre à vivre, les refus dans lesquels nous sommes enfermés. Dès que nous commençons à prendre conscience de nos limites, les acceptant enfin, nous sommes comme arrivés au port.

Libérés d’un grand poids, nous cessons de nous tourmenter. Heureux de nous retrouver, de nous savoir aimés à l’intérieur de nos limites, de nous remettre en route à partir de ce que nous sommes et non de ce que nous rêvons d’être. C’est là la guérison, la première conversion, l’acte d’humilité le plus vrai qui soit.

Simone Pacot, L’évangélisation des profondeurs / extraits (coll. Points/Seuil, 2015)

image: Carnaval de Venise, Italie (culturebox.francetvinfo.fr)

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