Morceaux choisis – 971 / Antoine Bloom

Antoine Bloom

A sa racine, la pauvreté ne réside pas dans ce que nous avons ou n’avons pas, mais dans la mesure dont nous désirons ce qui est hors de notre portée. Quand nous réfléchissons à notre condition d’hommes, il est facile de découvrir que si nous sommes absolument pauvres et dénués, c’est que tout ce que nous possédons n’est jamais vraiment nôtre, quelle que soit notre richesse apparente. Que nous tentions de saisir une chose quelconque, et nous découvrirons bien vite qu’elle nous a échappé. Notre être n’est fondé sur rien d’autre que la parole créatrice et souveraine de Dieu qui nous a tirés de l’absence totale, radicale, pour nous appeler en Sa présence.

Nous ne pouvons conserver la vie ni la santé, et non seulement la santé mais même beaucoup de nos attitudes psychosomatiques. Dans le domaine des sentiments, pour quelque raison discernable ou non, disons un rhume ou la fatigue, nous ne pouvons à volonté, et au moment opportun, éprouver pour quelqu’un la sympathie à laquelle pourtant nous aspirons; ou encore nous allons à l’église et nous y restons de glace.

C’est notre pauvreté fondamentale, mais pour autant fait-elle de nous des enfants du royaume? Bien sûr que non, car si à tout instant de nos vies nous éprouvons cette situation de misère, et que tout nous échappe, si nous sommes seulement conscients de ce que nous ne possédons rien, cela ne fait pas de nous les enfants joyeux d’un royaume d’amour divin, mais les victimes malheureuses d’une situation sur laquelle nous sommes sans pouvoir et que nous détestons…

Antoine Bloom, La prière vivante (Coll. Lexio/Cerf, 1972)

 image: Hans Holbein le Jeune,  Portrait du marchand Georg Gisze / 1532 (l.art.pense.free.fr)

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