Morceaux choisis – 972 / Antoine Bloom

Antoine Bloom

La pauvreté qui ouvre le royaume des cieux est celle par laquelle je sais que si rien n’est véritablement mien, alors tout ce que j’ai, je l’ai reçu par un don d’amour, d’amour divin ou d’amour humain, et cela rend les choses tout à fait différentes. Si nous comprenons que nous n’avons pas d’être en nous-mêmes, et que pourtant nous existons, nous pouvons dire qu’il y a là un acte incessant d’amour divin. Si nous voyons que ne pouvons jamais faire que ce que nous possédons soit vraiment nôtre, alors tout est amour divin, concrètement exprimé à chaque moment; et alors la pauvreté est la racine de la joie parfaite parce que tout ce que nous avons est une preuve d’amour.

Nous ne devrions jamais tenter de nous approprier les choses, car les appeler nôtres au lieu d’y voir un don constant de Dieu, c’est en amoindrir la signification au lieu de l’enrichir. Si cela est mien, cela n’appartient pas à notre relation d’amour mutuel; si cette chose est Sienne et que pourtant je la possède jour après jour, à chaque seconde, c’est alors qu’il y a là un acte divin perpétuellement renouvelé. Et nous en arrivons à cette joyeuse pensée: Grâce à Dieu, cela n’est pas à moi; si c’était à moi, il y aurait possession, mais hélas sans amour. 

Antoine Bloom, La prière vivante (Coll. Lexio/Cerf, 1972)

image: Giotto, Fresques de la vie de saint François d’Assise / détail (fr.wikipedia.org)

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