Chemins de traverse – 433 / Nadia Tuéni

Nadia Tuéni

Je vous salue,
vous qui êtes, dans la simplicité d’une racine,
avec la nuit pour chien de garde.
Vos bruits ont la splendeur des mots,
et la fierté des cataclysmes.

Je vous connais,
vous qui êtes, hospitaliers comme mémoire;
vous portez le deuil des vivants,
car l’envers du temps, c’est le temps.

Je vous épèle,
vous qui êtes, aussi unique que le Cantique.
Un grand froid vous habille,
et le ciel à portée de branche.

Je vous défie,
vous qui hurlez sur la montagne
usant les syllabes jusqu’au sang,
Aujourd’hui c’est demain d’hier,
sur vos corps un astre couchant.

Je vous aime,
vous qui partez avec pour bannière le vent.
Je vous aime comme on respire,
vous êtes le premier poème.

Nadia Tuéni, Jardinier de ma mémoire (Flammarion, 1998)

image: Catrin Welz-Stein, Sternenfee (myartprints.com)

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