Charles Cros
Un oiseau nage dans le ciel
à lents et paresseux coups d’ailes;
il glisse, appuyé sur le vent;
et le silence ensoleillé
de ce jour si beau n’est troublé
que d’un frisson de branches lent.
Un nuage, aussi, vogue et passe,
là-bas, au plus haut de l’espace
où tout est paix et liberté.
A l’horizon un toit seul fume
vers le fin croissant de la lune
tracé en clair dans la clarté.
L’oiseau, la fumée, le nuage
s’envolent pour d’autres voyages;
le ciel reste nu dans sa gloire.
L’air est transparent, l’arbre rêve
et cet après-midi s’achève
insensiblement dans le soir.
Charles Cros, Vesprée de juin, dans: Béatrice Mandopoulos et Albine Novarino-Pothier, Le bonheur en cent poèmes (Omnibus, 2013)
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