Seigneur, apprends-nous à prier – 72

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – LXXII

Comme il serait beau que chacun de nous, à l’exemple de saint Joseph, parvienne à retrouver cette dimension contemplative de la vie ouverte précisément par le silence. Mais nous savons tous par expérience que ce n’est pas facile: le silence nous fait un peu peur, car il nous demande d’entrer en nous-mêmes et de rencontrer la partie la plus vraie de nous-mêmes. Et tant de gens ont peur du silence; ils doivent parler, parler, parler ou écouter la radio, la télévision… mais le silence, ils ne peuvent pas l’accepter parce qu’ils en ont peur. Le philosophe Pascal observait que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose: ne pas savoir rester tranquille dans une chambre.

Apprenons de saint Joseph à cultiver des espaces de silence, d’où puisse émerger une autre Parole, c’est-à-dire la Parole de Jésus; celle de l’Esprit Saint qui habite en nous et qui porte Jésus. Il n’est pas facile de reconnaître cette Voix, qui est très souvent confondue avec les milliers de voix des préoccupations, des tentations, des désirs et des espoirs qui nous habitent; mais sans cet entraînement qui vient précisément de la pratique du silence, même notre parole peut devenir malade. Au lieu de permettre à la vérité de transparaître, elle peut devenir une arme dangereuse. Car nos paroles peuvent devenir flatterie, vantardise, mensonge, médisance, calomnie. C’est un fait d’expérience que, comme nous le rappelle le Livre de Ben Sirac le Sage: La langue tue plus que l’épée (Si 28, 18). Jésus l’a dit clairement: Tout homme qui se met en colère contre son frère devra passer en jugement. Si quelqu’un insulte son frère, il devra passer devant le tribunal. Si quelqu’un le traite de fou, il sera passible de la géhenne de feu (Mt 5, 22). Il tue avec sa langue. Nous ne le croyons pas, mais c’est vrai. Pensons un peu aux fois où nous avons tué avec notre langue, nous devrions en avoir honte! Mais ça nous fera tellement de bien, tellement de bien…

C’est pourquoi nous devons apprendre de Joseph à cultiver le silence: cet espace d’intériorité dans nos journées où nous donnons à l’Esprit la possibilité de nous régénérer, de nous consoler, de nous corriger. Je ne dis pas que nous devons tomber dans le mutisme, non, mais nous devons cultiver le silence. Que chacun d’entre nous regarde à l’intérieur de soi-même: souvent nous faisons un travail et quand nous avons terminé, nous cherchons immédiatement le téléphone portable pour faire autre chose, nous sommes toujours comme ça. Et cela n’aide pas, cela nous fait glisser dans la superficialité. La profondeur du cœur croît avec le silence, un silence qui n’est pas mutisme, comme je l’ai dit, mais qui laisse place à la sagesse, à la réflexion et à l’Esprit Saint. Nous avons parfois peur des moments de silence, mais nous ne devons pas avoir peur ! Le silence nous fera tant de bien. Et le bénéfice pour nos cœurs guérira aussi notre langage, nos mots et surtout nos choix. En fait, Joseph a uni le silence à l’action. Il n’a pas parlé, mais il a agi et nous a ainsi montré ce que Jésus a dit un jour à ses disciples : Ce n’est pas en me disan : Seigneur, Seigneur! qu’on entrera dans le royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est aux cieux (Mt 7,21). Parler juste, parfois se mordre un peu la langue, ça fait du bien, au lieu de dire des choses stupides.

Concluons par une prière :

Saint Joseph, homme du silence, toi qui, dans l’Evangile, n’a prononcé aucune parole, apprends nous à nous abstenir de paroles vaines, à redécouvrir la valeur des mots qui édifient, encouragent, consolent, soutiennent. Sois proche de ceux qui souffrent des mots qui blessent, comme les calomnies et les médisances, et aide-nous à toujours unir nos paroles à nos actes. Amen.

Pape François, Catéchèse sur saint Joseph / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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