Seigneur, apprends-nous à prier – 88

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – LXXXVIII

Aujourd’hui, nous parlerons de Judith, une héroïne biblique. Judith a vécu plus de 100 ans, une bénédiction particulière. Mais il n’est pas rare aujourd’hui qu’il reste tant d’années à vivre après le moment de la retraite. Comment interpréter, comment tirer le meilleur parti de ce temps dont nous disposons? Je prends ma retraite aujourd’hui, et cela fera de nombreuses années, et que puis-je faire pendant ces années? Comment puis-je grandir – en âge, cela va sans dire – mais en autorité, en sainteté, en sagesse?

Bien sûr, il y a l’engagement, à la fois joyeux et fatigant, de s’occuper des petits-enfants, et aujourd’hui, les grands-parents ont un rôle très important au sein de la famille pour aider à élever les petits-enfants; mais nous savons qu’aujourd’hui il y a de moins en moins d’enfants qui naissent, et que les parents sont souvent plus éloignés, plus sujets aux déplacements, avec des situations de travail et d’habitation peu favorables. Parfois, ils sont aussi plus réticents à confier aux grands-parents des espaces pour l’éducation, ne leur accordant que ceux strictement liés au besoin d’assistance.

Demandons-nous: faisons-nous cet effort de remodèlement? Ou subissons-nous simplement l’inertie des conditions matérielles et économiques? La présence ensemble des générations s’allonge en effet. Cherchons-nous, tous ensemble, de la rendre plus humaine, plus affectueuse, plus juste, dans les nouvelles conditions des sociétés modernes? Pour les grands-parents, une part importante de leur vocation est de soutenir leurs enfants dans l’éducation de leurs petits-enfants. Les petits-enfants apprennent la force de la tendresse et le respect de la fragilité: des leçons irremplaçables, qui sont plus faciles à transmettre et à recevoir avec les grands-parents. Les grands-parents, quant à eux, apprennent que la tendresse et la fragilité ne sont pas seulement des signes de déclin: pour les jeunes, ce sont des étapes qui rendent l’avenir humain.

En vieillissant, on perd un peu la vue mais le regard intérieur devient plus pénétrant: on voit avec le cœur. On devient capable de voir des choses qui nous échappaient auparavant. Le Seigneur ne confie pas seulement ses talents aux jeunes et aux forts: il a des talents pour tous, faits sur mesure pour chacun, également pour les vieux. La vie de nos communautés doit savoir profiter des talents et des charismes de tant de personnes âgées, déjà retraitées, mais qui sont une richesse à valoriser. Cela exige, de la part des personnes âgées elles-mêmes, une attention créative et une attention nouvelle, une disponibilité généreuse. Les anciennes compétences de la vie active perdent leur part de contrainte et deviennent des ressources de don: enseigner, conseiller, construire, soigner, écouter… De préférence au profit des plus démunis, qui n’ont pas les moyens d’apprendre ou qui sont abandonnés à leur solitude.

Lisez le livre de Judith, cette histoire d’une femme courageuse qui s’accomplit ainsi, avec tendresse, avec générosité, une femme à la hauteur. Et je voudrais que toutes nos grands-mères soient ainsi: courageuses, sages et qu’elles nous laissent en héritage non pas de l’argent, mais l’héritage de la sagesse, semée dans leurs petits-enfants.

Pape François, Catéchèse sur la vieillesse / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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