Morceaux choisis – 823 / Thérèse Bénédicte de la Croix

Thérèse Bénédicte de la Croix (Edith Stein)

On ne peut échapper au jugement de celui que l’on fréquente chaque jour. Même lorsqu’aucune parole n’est échangée, on perçoit au comportement des autres ce que l’on est soi-même. On cherche à se conformer à son entourage, et si l’on n’y parvient pas la vie commune tourne au supplice. Il en est ainsi dans les rapports quotidiens avec le Sauveur. Devenant chaque jour plus sensible à ce qui lui plaît ou lui déplaît, celui qui était naguère facilement satisfait de lui-même voit tout désormais sous un autre jour. Il constate bien des laideurs, et les corrige autant qu’il est possible. Il découvre maintes choses qu’il ne peut juger ni belles ni bonnes et auxquelles cependant il lui est difficile de porter remède. Ainsi devient-il tout doucement plus petit et plus humble, plus patient, plus indulgent au brin de paille qui est dans l’œil du prochain, car il est suffisamment occupé par l’une des poutres qui sont dans le sien. Et il apprend alors à se supporter lui-même dans la lumière inexorable de la présence divine, et à s’abandonner à la miséricorde de Dieu, qui finalement, triomphe de tout ce qui nargue ses forces.

Edith Stein, Le Mystère de Noël / extrait, dans: La Crèche et la Croix (Ad Solem, 2008)

image: Carmel du Pâquier, Suisse (carmel-lepaquier.com)

Print Friendly, PDF & Email

Auteur/autrice

Partager sur:

Dernières publications