Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et Sainte Thérèse de Jésus
par Robert Arcas, ocd
Sainte Thérèse de Lisieux est fêtée deux semaines avant Sainte Thérèse d’Avila. Les fêtes des deux Thérèse sont proches dans le calendrier liturgique, elles pourraient être encore plus proches! Thérèse de Lisieux a quitté ce monde le 30 septembre 1897, vers 19h20. Pour Thérèse d’Avila, ce fut le 4 octobre 1582, vers 21h00, c’est-à-dire au début d’une nuit particulière qui dura jusqu’au 15 octobre 1582, à cause de la réforme du calendrier grégorien, un saut d’une dizaine de jours! Elles ont donc ce point commun de n’être pas fêtée exactement au jour anniversaire de leur mort, leur entrée dans la vie.
Entre ces deux grandes saintes, il y a bien d’autres points communs, autrement plus importants. Elles sont carmélites déchaussées, elles sont docteurs de l’Eglise! Celle que nous fêtons aujourd’hui est certainement plus largement connue dans le monde, à l’exclusion peut-être du monde hispanique qui connaît bien la Madre. Oui, la fille est plus populaire que la mère. Mais est-elle bien connue pour autant?
Sainte Thérèse d’Avila est grande par son œuvre dans l’histoire de l’Eglise, elle est à l’origine du Carmel déchaussé, féminin et masculin, et ses écrits sur l’itinéraire de l’âme vers Dieu lui ont valu le doctorat de l’Eglise. Sainte Thérèse de Lisieux est tout aussi grande, elle a réalisé dans l’Eglise un renouveau spirituel évangélique remarquable. Le Pape Pie XI a pu dire qu’elle était une parole de Dieu pour notre temps. La petite voie de Thérèse s’offre à tous pour progresser sur le chemin de la foi, de l’espérance et de l’amour.
Thérèse a connu sainte Thérèse, avant d’entrer au Carmel de Lisieux, par la lecture, en 1886 et 1887, de l’Histoire de sainte Thérèse des Bollandistes. Un ouvrage impressionnant par ses 1045 pages, en deux tomes, dans lequel Thérèse a littéralement plongé. Elle a été profondément impressionnée et formée par ce livre à tel point qu’elle n’en a pas parlé pendant qu’elle en faisait la lecture, comme cela lui arrivera plus tard en découvrant le Cantique Spirituel de saint Jean de la Croix. Cette lecture la touchait tellement au cœur, dans sa relation d’amour avec Dieu que c’était trop intime pour en parler sur le moment. C’est en faisant cette lecture que Thérèse a pris connaissance de la personnalité de la Madre et de sa spiritualité.
Et c’est en vivant au Carmel que Thérèse va pleinement intégrer le fruit de cette riche lecture. Elle va alors faire l’expérience communautaire de la vie de la carmélite, à l’école de sainte Thérèse de Jésus: une vie de silence et de solitude dans l’espace de la clôture, une vie dans une ambiance conviviale et fraternelle, par l’observance de la Règle et des Constitutions. Les deux Thérèse ont eu la même prière pour les prêtres, le même désir de la sainteté, le même amour de l’Eglise.
Bien des expressions que l’on connaît chez Thérèse de l’Enfant Jésus sont déjà présentes chez Thérèse de Jésus, en particulier à propos de la miséricorde de Dieu. Toutes les deux sont de grands apôtres de la miséricorde de Dieu.
L’une est bien la fille de l’autre, une fille qui rappelle sa mère mais qui en même temps est très différente de sa mère, très originale, très indépendante. Thérèse de l’Enfant Jésus fait partie de ces tout-petits, véritablement humbles, qui ont accueilli la révélation de l’amour de Dieu, de Sa miséricorde. De ces petits qui vont vers Dieu pour y trouver le repos, l’allégement du fardeau. Ils ont cette confiance profonde qui est le véritable moteur pour avancer sur le chemin de la sainteté.
Robert Arcas, Homélie pour Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus / extrait – 1er octobre 2015 (carmel.asso.fr)
Référence: Société des Bollandistes (bollandistes.org)