Charles Journet
Ton âme est plus grande que le monde – X
C’est cette longue route dans le brouillard glacé derrière lequel l’Amour est caché. Dieu nous séduit d’abord par la beauté de Son visage, Il nous attache à Lui si puissamment qu’on ne pourra plus vivre sans Lui, et que tout sans Lui ne laisserait dans le coeur qu’un goût de cendres. Et après, quand Il est sûr que nous avons été éblouis, alors Il disparaît.
Mais oui, c’est quand nous sommes bien perdus, bien amers, bien morts, et que nous ne voyons en nous plus rien que personne puisse aimer, qu’Il est tout proche de nous, plus intérieur à l’âme que dans les temps où Il l’incendie de Son amour. Il y a ces temps de mendicité, ou même d’insensibilité intérieure, où l’on ne peut même plus rien demander, mais où l’âme est devant Lui comme une pauvresse trop accablée pour rien dire. Et puis, il y a des réveils d’incendie, qui peuvent venir on ne sait comment ni où. Et à travers ces alternances qui sont les nôtres, et les miennes et celles de toute âme finie qui désire l’infini, Son oeuvre bénie et secrète, que l’on ne voit pas, s’accomplit en nous.
Charles Journet, Comme une flèche de feu – Lettres spirituelles (Ad Solem, 2008)
image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2017)