Ce Dieu inutile – 16

Charles Delhez

Ce Dieu inutile – XVI

Dieu ne peut venir que dans un coeur désirant. Les premiers siècles chrétiens ont été marqués par l’attente du retour du Seigneur, la Parousie, qui devait inaugurer le monde nouveau. La flamme du désir brûle-t-elle encore en nos coeurs? Le Seigneur ne viendra vite que si nous L’attendons bewaucoup. C’est une accumulation de désirs qui doit faire éclater la Parousie. Il faut, coûte que coûte, raviver la flamme. Il faut à tout prix renouveler en nous-mêmes, le désir et l’espoir du grand Avénement. (Pierre Teilhard de Chardin)

Prier, c’est attendre avec espérance ce grand jour. L’attendre pour soi, et surtout pour les autres. De plus en plus, je suis convaincu qu’il faut prier pour nos frères: le Seigneur, quand Il viendra, les comblera à la mesure de notre attente. Supplier pour quelqu’un n’est possible que si je l’aime vraiment. Il y a toujours moyen de se contenter d’une litanie d’intentions qui n’exprime aucun sentiment vrai et, de plus, ne nous engage à rien. Mais prier en vérité,  c’est être concerné par son appel au point de le faire mien. C’est faire mienne cette souffrance qui crie vers le Tout-Autre et accueillir en moi cette blessure ouverte qui gémit après l’apaisement. C’est attendre avec lui la rencontre définitive du Seigneur de toute joie.

N’oublions pas cependant de laisser à Dieu l’occasion de nous surprendre. Ne  L’enfermons pas dans nos catégories pré-établies en L’empêchant d’intervenir comme il Lui plaît, avec la discrétion qui Le caractérise. Avoir la foi, comme le dit Pierre Talec, c’est être capable de voir les délicatesses de Dieu.

Nos prières ne sont pas toujours exaucées de la manière dont nous l’avons souhaité, mais jamais Dieu ne refuse son Esprit Saint. Telle est finalement la vraie demande pour l’aujourd’hui: Seigneur, envoie-nous Ton Esprit pour que nos coeurs de pierre deviennent charnels. La plus grande grâce que nous puissions obtenir pour ceux que nous aimons, c’est le Souffle divin qui embrase les coeurs qui s’y abandonnent. 

Charles Delhez, Ce Dieu inutile (coll. Foi Vivante/Lumen Vitae & Fidélité, 1995)

image: Charles Delhez (cathobel.be)

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