Seigneur, apprends-nous à prier – 100

Pape François

Seigneur, apprends-nous à prier – C

Même l’état spirituel que nous nommons désolation, quand dans le coeur tout est sombre, cet état de désolation peut être une occasion de croissance. En effet, s’il n’y a pas un peu d’insatisfaction, un peu de tristesse salutaire, une saine capacité d’habiter la solitude et d’être avec nous-mêmes sans fuir, nous risquons de rester toujours à la superficie des choses et de ne jamais prendre contact avec le centre de notre existence. La désolation provoque une secousse de l’âme. Cela tient en alerte, favorise la vigilance, l’humilité et nous protège du vent des caprices. Une sérénité parfaite mais aseptique, sans sentiments, lorsqu’elle devient le critère des choix et des comportements, nous rend inhumains. Sans l’expérience des émotions, nous serions indifférents à la souffrance des autres et incapables d’accueillir la nôtre. Cette sérénité artificielle n’est pas bonne, alors qu’est bonne la saine inquiétude, le coeur à la recherche d’une voie à suivre. C’est le cas, par exemple, d’Augustin d’Hippone, d’Edith Stein, ou de Charles de Foucauld.

La désolation est aussi une invitation à la gratuité, à ne pas agir toujours et uniquement en vue d’une gratification affective. Être désolés nous offre la possibilité de grandir, d’entamer une relation plus mature, plus belle avec le Seigneur et avec les personnes qui nous sont chères, une relation qui ne se réduit pas à un simple échange de donner et de recevoir..Beaucoup de nos prières sont aussi un peu comme cela, ce sont des demandes de faveurs adressées au Seigneur, sans réel intérêt à Son égard. Nous ne cessons de demander, L’Evangile note que Jésus était souvent entouré de nombreuses personnes qui Le cherchaient pour obtenir quelque chose, des guérisons, une aide matérielle, et pas simplement pour être avec Lui. Il était pressé par les foules, et pourtant Il était seul. Certains saints, et même certains artistes, ont médité sur cette condition de Jésus. Il peut sembler étrange, irréel, de demander au Seigneur: Comment vas-tu? Au contraire, c’est une très belle manière d’entrer dans une relation vraie, sincère, avec Son humanité, avec Sa souffrance, voire avec Sa singulière solitude. Avec Lui, avec le Seigneur qui a voulu nous faire partager pleinement Sa vie.

Cela nous fait tellement de bien d’apprendre à être avec Lui, être avec le Seigneur sans autre but, exactement comme cela nous arrive avec les personnes que nous aimons: nous voulons les connaître toujours plus, parce qu’il est bon d’être avec elles. 

Pape François, Catéchèse sur le discernement / extraits (w2.vatican.va)

image: Eglise Sainte Thérèse, Genève / Suisse (2014)

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