Il est vivant Celui devant qui je me tiens (1R 17,1 et 18,15) – II
La Parole: d’une part, le Christ nous dit de redevenir semblables à de petits enfants; d’autre part, saint Paul nous parle de la nécessité de laisser le langage de l’enfant pour celui de l’adulte. Il n’y pas contradiction, mais complémentarité. Le langage est le premier moyen de communication entre les êtres humains. L’éducation de l’enfant sert, entre autres, à lui donner la maîtrise de la langue. Mais le tout petit enfant (littéralement celui qui ne parle pas), s’il ne peut saisir le sens des mots, n’en est que plus sensible à ce que ces mots transmettent à son affectivité et il n’a pas besoin d’un langage articulé pour connaître l’amour de ses parents. C’est pourquoi la prière silencieuse nous remet d’abord entre les bras de Dieu, comme de petits enfants confiants. Sainte Thérèse de Lisieux nous aide à retrouver cet abandon sans réserve de nous-mêmes à Celui qui nous a créés et sauvés par pur amour.
En même temps et inséparablement, puisque Dieu a fait de nous des créatures qui évoluent, nous avons à parfaire le langage de notre prière pour qu’il devienne davantage une parole d’amour; nous devons surtout affiner notre capacité d’écoute et améliorer notre compréhension du langage de Dieu, par l’étude de sa Parole dans l’Ecriture, comme à travers la charité fraternelle puisque Jésus s’identifie au plus petit de ses frères. Notre parole, qui est partage, va aussi porter témoignage de notre réponse à l’appel plein de tendresse reçu de Dieu.
Je m’engage. Toute parole engage déjà celui qui la profère et c’est par des paroles que l’on prend un engagement. L’Eglise demande au baptisé de promettre, en adulte, fidélité au Christ. C’est en Eglise que le Seigneur demande, à celui qu’Il attire vers le Carmel, de s’engager par une promesse particulière. N’ayez pas peur! n’a cessé de nous redire Jean-Paul II, qui a si bien écrit sur la Miséricorde divine. Or la peur de s’engager est un mal pernicieux qu’il faut combattre. Cette peur exprime souvent une fausse humilité (je ne suis pas digne… je ne suis pas capable) qui est finalement un manque de foi, d’espérance et de charité. Nous oublions que Dieu est un Père tout-puissant et miséricordieux; que Jésus nous dit: Gardez courage. J’ai vaincu le monde (Jn 16,33); enfin que son Esprit intercède pour nous avec des gémissements ineffables. (Rm 8,26)
Carmel de France, Silence – Parole – Engagement / extraits (carmel.asso.fr)
image: Collonge-Bellerive / Suisse (2016)