Benoît XVI

Dieu est amour – XV

Le moment est venu de réaffirmer l’importance de la prière face à l’activisme et au sécularisme dominant de nombreux chrétiens engagés dans le travail caritatif. Bien sûr, le chrétien qui prie ne prétend pas changer les plans de Dieu ni corriger ce que Dieu a prévu. Il cherche plutôt à rencontrer le Père de Jésus-Christ, lui demandant d’être présent en lui et dans son action par le secours de Son Esprit. La familiarité avec le Dieu personnel et l’abandon à Sa volonté empêchent la dégradation de l’homme, l’empêchent d’être prisonnier de doctrines fanatiques et terroristes. Une attitude authentiquement religieuse évite que l’homme s’érige en juge de Dieu, l’accusant de permettre la misère sans éprouver de la compassion pour Ses créatures. Mais celui qui prétend lutter contre Dieu en s’appuyant sur l’intérêt de l’homme, sur qui pourra-t-il compter quand l’action humaine se montrera impuissante?

Job peut certainement se lamenter devant Dieu pour la souffrance incompréhensible et apparemment injustifiable qui est présente dans le monde. Il parle ainsi de sa souffrance: Ah ! Qui me donnera de savoir où le trouver, de parvenir jusqu’à sa demeure! Je saurais en quels termes il me répondrait et je comprendrais ce qu’il me dirait. Lui faudrait-il une grande force pour débattre avec moi? Non, il n’aurait qu’à me prêter attention… Voilà pourquoi, devant lui, je suis effrayé; plus je réfléchis, plus j’ai peur de lui. Dieu a découragé mon cœur (Jb 23, 3; 5-6; 15-16).

Souvent, il ne nous est pas donné de connaître la raison pour laquelle Dieu retient son bras au lieu d’intervenir. Du reste, il ne nous empêche pas non plus de crier, comme Jésus en croix: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? (Mt 27, 46). Dans un dialogue priant, nous devrions rester devant Sa face avec cette question: Jusques à quand, Maître saint et véritable, tarderas-tu? (Ap 6, 10). Notre protestation ne veut pas défier Dieu, ni insinuer qu’en Lui il y a erreur, faiblesse ou indifférence. Pour le croyant, il est impossible de penser qu’Il est impuissant ou bien qu’il dort. Ou plutôt, il est vrai que même notre cri, comme sur les lèvres de Jésus en croix, est la manière extrême et la plus profonde d’affirmer notre foi en Sa puissance souveraine.

En effet, les chrétiens continuent de croire, malgré toutes les incompréhensions et toutes les confusions du monde qui les entoure, en la bonté de Dieu et en sa tendresse pour les hommes» (Tt 3, 4). Bien que plongés comme tous les autres hommes dans la complexité dramatique des événements de l’histoire, ils restent fermes dans la certitude que Dieu est Père et qu’il nous aime, même si Son silence nous demeure incompréhensible.

Benoît XVI, Encyclique Deus caritas est / Dieu est amour – extraits (vatican.va)

image: https://catechese.catholique.fr

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