Charles Journet
La vraie raison pour laquelle les protestants aiment Nicolas de Flue, c’est qu’il est aimable. La vie de cet homme des Alpes dégage un parfum si rare, on y respire tant de simplicité, tant de vérité, tant de noblesse, une tendresse si touchante pour le mystère de Dieu qui se fit chair et qui fut martyrisé, un désir si violent et si sauvage d’être tout entier possédé par Dieu seul, une paix si authentique, et par surcroît tant d’humanité, qu’il continue d’émouvoir nos coeurs, à nous tous, qui que nous soyons, et de les entraîner autour du sien, comme jadis, quand il accueillait avec bonté, pour les réconforter, ces pèlerins désireux de devenir dès ici-bas des amis de Dieu, et qu’un sûr instinct conduisait vers son désert.
Les saints nous sont adressés par Dieu comme autant de paroles de chair, dont chacune est débordante de sens. On ne peut les écouter sans y consentir, ni sans souhaiter d’être meilleur. On ne les utilise pas. Ce sont eux qui nous ravissent, et qui parfois mènent l’un ou l’autre d’entre nous jusqu’où il ne pensait pas.
Charles Journet, Saint Nicolas de Flue (Ad Solem, 2017)
image: Tableau de vision que Nicolas de Flue avait dans sa cellule au Ranft (rts.ch)