Marie Balmary
Je crois qu’il y a une religion universelle avec laquelle on ne compte pas assez: c’est justement celle que combattent tous les penseurs, Freud y compris. Cette religion n’a pas de nom, ou plutôt elle a tous les noms, christianisme, judaïsme ou islam, mais elle consiste aussi bien dans toute conformité absolue à un ordre, une caste, une classe. En fait, elle traverse toutes les religions et même les idéologies athées: c’est celle du dieu obscur qui demande à l’homme le sacrifice de sa pensée, le renoncement à sa conscience. La seule religion qui pourrait m’intéresser serait celle qui donnerait aux humains deux choses que les religions d’habitude leur retirent: la conscience de ce faux dieu et surtout l’autorité pour le mettre dehors.
Marie Balmary, Le moine et la psychanalyste (coll. Biblio Essais/LGF, 2007)